Risques climatiques et résultats financiers

Ne nous contentons pas de chercher les clés de notre stratégie sous l’éclairage du lampadaire Data

Les risques climatiques

Rappel de la définition (Wikipedia) : le risque climatique est un risque lié à la vulnérabilité accrue des entreprises par rapport aux variations des indices climatiques (température, précipitations, vent, neige…)

Bien entendu, ce risque est exacerbé par le dérèglement climatique et ses conséquences.

Dans le domaine financier, on distingue deux types de risques liés au climat :

·      Les risques physiques : ce sont les effets directs des dommages causés aux biens, soit par des événements extrêmes (catastrophes climatiques), soit par des changements graduels (élévation de la température, du niveau de la mer, …)

·      Les risques de transition : ce sont les pertes financières liées à la transition vers une économie bas carbone, par exemple suite à des politiques climatiques défavorables à certains secteurs d’activités (énergies fossiles, transports, …)

En novembre 2020, la Banque Centrale Européenne a publié un "guide relatif aux risques liés au climat et à l’environnement", mais le bilan réalisé en mars 2022 montre qu’aucune banque n’est encore proche des objectifs définis par le régulateur…

Lors du forum international sur les risques financiers du 21 mars 2022, ont été présentés quelques exemples concrets de l'impact des phénomènes climatiques (et de leur perception) sur les résultats financiers des banques et des entreprises. 

Le rendement des fonds verts

Les fonds verts (appliquant les critères ESG) se sont considérablement développés ces dix dernières années, du fait de l’appétit des investisseurs. Les performances des dernières années ont été supérieures à celles des fonds « bruns », mais cela présage-t-il des performances futures ?

Cette supériorité semble justement être due au goût des investisseurs pour ces fonds, alors que les modèles prédisaient plutôt une performance inférieure (realized > expected). Cette surperformance des actions et obligations vertes s’explique donc surtout par la croissance de la demande des investisseurs et clients pour les biens et services durables, elle-même causée par l’actualité (catastrophes naturelles, rapport du GIEC, …) et pas par des raisons fondamentales.

 

“Bad news about climate is good news for green-factor returns”.

Le risque climatique est-il reflété dans le prix des actions ?

Une étude statistique a été faite aux Etats-Unis sur 2000-2018 pour corréler le prix des actions avec les informations Reuters sur quatre grands topics : catastrophes naturelles, réchauffement climatique, conférences internationales, politique climatique américaine. Le seul topic ayant un impact significatif est le quatrième, surtout à partir de 2012 (majorité républicaine au Congrès).

Explication : c’est le seul facteur qui a un impact à court terme (en gros, taxation ou non des industries polluantes). Les politiques républicano-trumpistes sont vues comme une bonne nouvelle pour l’économie dans la mesure où elles réduisent les risques de transition. Les risques physiques sont à long terme et n’ont pas d’impact réel.

Commentaire  : c’est une illustration du court-termisme des marchés financiers, et la confirmation qu’il ne faut pas compter sur eux pour financer la transition s’il n’y a pas d’intervention de l’Etat…

Impact du risque de montée des océans (SLR : Sea Level Rise) sur les prêts immobiliers.

Une autre étude américaine cherche à établir des corrélations entre le taux d’acceptation des prêts immobiliers (mortgage) et le risque de montée des eaux dans les villes côtières. Trois niveaux de risques sont étudiés : imminent, moyen terme (montée d’un pied), long terme (montée de deux pieds). Ceci correspond à plusieurs configurations géographiques des littoraux.

Sans surprise, l’impact est réel quand le risque est imminent (hausse des taux). Pour le risque à MT et LT, cela dépend de la « croyance au risque climatique » des décideurs.

Commentaire : voici un impact économique concret du réchauffement climatique. L’impact est probablement encore plus grand en France où la « croyance au risque climatique » est généralisée et où il n’y a pas, contrairement aux US, de parti politique ouvertement hostile à l’écologie.

Impact de la couverture médiatique des incidents ESG des entreprises sur les forecasts des analystes

L’étude portait sur la corrélation entre la couverture médiatique des incidents ESG (qui sont rarement dévoilés par la société elle-même) et l’appréciation des analystes. Ces incidents entraînent normalement des pertes de réputation, des procès, des réactions négatives de la clientèle, des changements stratégiques, des risques business, des rétentions d’information, des manipulations de résultats (risque d’information), ce qui rend plus difficile l’anticipation par les analystes des résultats futurs.

Ces corrélations ont été testées sur les données de la période 2007-2015. Elles sont d’autant plus fortes que les entreprises ont un risque business important, une opacité de l’information et une concurrence importante. Les incidents ESG ont aussi pour effet de diminuer la qualité des prévisions des analystes.

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